Affreux, sales et méchants

« Bienvenue en Trumplandie » est un texte aux relents discrets de mépris de classe et de gentil paternalisme progressiste, qui nous explique que la gauche dans ses errements libéraux a abandonné ses enfants légitimes, les prolétaires, ou du moins les « bons » prolétaires, ceux qui luttent du côté du « travail destructuré » et des services.

Car évidemment, pour ce qui est du vieux prolétariat industriel, escamoté dans sa réalité sous le terme de « fétiche », il est renvoyé à ce qu’il fut effectivement dans les catégories d’un capitalisme révolu : une classe aussi désaffectée que les usines dont on l’a privée, et qui mériterait sûrement, comme elles, le démantèlement pur et simple. C’est surtout une classe cauchemardesque, qui ne respecte rien, surtout pas la petite bourgeoisie intellectuelle de gauche, et qui préfère s’allier avec la grande bourgeoisie propriétaire des moyens de production, dans l’espoir naïf qu’elle sera susceptible de lui donner de nouveau du travail.

Pour cette classe, qui crache sur l’Affordable Care Act et sur l’Obamacare (pourtant, tout ce « care », ça n’était pas si mal, ils pourraient être au moins reconnaissants), celle des petits Blancs ouvriers, racistes, homophobes, machos et mal éduqués, il n’y a manifestement rien à faire. D’ailleurs, c’est bien simple : elle n’existe pas, elle est un mythe, issue d’un capitalisme industriel moribond, il faut la laisser crever avec lui. Alors ce sera l’avènement des bonnes luttes de bons prolétaires respectueux des diplômes et avides de s’instruire, travaillant dans des emplois de service, c’est-à-dire au service de la petite bourgeoisie de gauche gentiment redistributrice.

Quant aux white trash, rednecks et autres hillbillies, qui, tout mythologiques ou fétiches qu’ils soient, existent tout de même un peu, qu’ils crèvent d’alcoolisme et de consanguinité au fond de leurs caravanes, ça leur apprendra à refuser le progrès et à ne pas croire à l’égalité, à la non-violence et au capitalisme régulé.

La classe moyenne progressiste aime bien les pauvres, quand les pauvres restent à la place qui leur a été assignée, celle de justification idéologique et de figurants dans les beaux projets égalitaires, mais pas comme sujets réels, porteurs de toutes les contradictions du capital : en tant que tels, ils lui foutent simplement la trouille.

Le texte ici : https://lundi.am/Bienvenue-en-Trumplandie

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